Extrait d'une lettre du Rabbi de décembre 1944 (traduction libre) : Votre lettre... a réveillé des souvenirs de l'époque où nous étions ensemble à Vichy et à Nice, dans des circonstances auxquelles nous n'étions ni vous, ni moi, habitués. Lorsqu'une personne est arrachée à son environnement habituel... c'est alors que certains traits de son caractère profond apparaissent tels qu'ils sont dans leur pureté, du fait qu'ils ne sont alors pas faussés par les attentes de la société. Souvent, ces traits révèlent le bien caché de cette personne, dont elle-même a pu ne pas être consciente, car il était occulté par les « manières » et les conventions sociales. Heureux est celui qui ne laisse pas ces qualités disparaître lorsqu'il retrouve par la suite la tranquillité... Le 14 juin 1940, les armées de l'Allemagne nazie conquirent Paris. Un général français offrit au Rabbi un hébergement à la campagne, mais celui-ci, comprenant ce que signifiait réellement l'occupation nazie, déclina cette offre et fuit Paris dans l'un des derniers trains à quitter la ville. Au terme d'un périlleux voyage à travers la ligne de démarcation, le Rabbi et son épouse parvinrent à Vichy. Ils demeurèrent à Vichy pendant quelques mois, puis s'établirent à Nice où ils restèrent jusqu'à leur départ final d'Europe. Pendant cette période, le beau-père du Rabbi – Rabbi Yossef Its'hak, qui avait survécu au bombardement et à l'occupation de Varsovie et était arrivé à New York en 1940 – mena une vigoureuse campagne pour les sauver et les amener en sécurité aux États-Unis. La Rabbanit raconta plus tard que, tout au long de leur fuite devant l'avancée des Allemands, le Rabbi resta fidèle à son habitude de venir en aide autant qu'il le pouvait à ceux qui en avaient besoin, ainsi qu'à l'observance la plus méticuleuse des lois et des coutumes juives. De même, le Rabbi persista à se concentrer sur l'aspect positif de tout événement de la vie, fut-elle celle d'un réfugié, ayant fuit sa maison pour sauver sa vie. Le 12 juin 1941, le Rabbi et la Rabbanit s'embarquèrent à bord du Serpa Pinto à Lisbonne, qui allait les amener aux États-Unis. Le lundi 23 juin – le 28 Sivan dans le calendrier hébraïque – à 10 h 30 du matin, le Rabbi et la Rabbanit arrivèrent à New York. |